La saison apicole 2024 est bel et bien terminée, mais hormis l’expression, elle n’a été ni belle ni bonne : la production de miel, certes variable selon les localisations des ruchers n’a pas été à la hauteur de ce que chacun de nous attendait, souvent très inférieure à la récolte...
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Les intoxications

abeille au contact de son environnement

 

INTOXICATIONS DES ABEILLES

 

Les abeilles, comme tout être vivant interagissent avec leur environnement et peuvent y rencontrer des molécules qui leur sont toxiques, responsables de pathologies aiguës, ou chroniques. Certaines substances peuvent aussi ne pas avoir de conséquences visibles dans l’immédiat mais des retentissements à plus long terme sur la santé des abeilles.

Tout l’environnement de l’abeille peut être concerné, aussi bien son habitat direct, la ruche, que de façon plus globale le milieu dans lequel elle vit et se nourrit : l’air, l’eau, les fleurs via le pollen ou le nectar…etc.

 

Voies de contamination.

Les deux voies de contamination principales sont le contact, avec une pénétration du toxique à travers la cuticule, et l’ingestion alimentaire. La voie aérienne occupe une place mal définie mais certainement pas nulle pour certains produits.

 

Molécules concernées.

Elles sont extrêmement nombreuses allant par exemple des peintures utilisées pour l’entretien des ruches qui outre les solvants peuvent contenir des agents insecticides ou fongicides, des produits utilisés en agriculture pour le traitement de ravageurs de cultures, mais aussi les effluents de produits utilisés pour le traitement des animaux, qu’ils soient domestiques ou de rente, ou des rejets industriels. Tous n’ont pas la même importance ni le même risque pour les abeilles : il est évident que les insecticides, fongicides et désherbants (c’est à dire l’ensemble des biocides) utilisés sur des cultures en fleurs, ou résiduels dans les sols, sont d’un risque beaucoup plus important, et plus souvent retrouvés dans les cas d’intoxication des abeilles. Il est acquis par ailleurs que la présence simultanée de plusieurs toxiques même à dose faible, ayant des cibles différentes (fongicides + désherbants par exemple ) par leur action simultanée peuvent agir en synergie et avoir des effets délétères renforcés.

De même pour des substances ajoutées au principe actif lors de l’élaboration de la formulation de l’agent phytosanitaire utilisé, la forme commerciale, par exemple les agents tensioactifs ou les mouillants qui impactent directement la diffusion des molécules actives dans le corps de l’abeille et modifient la toxicité effective. Or les autorisations d’utilisation ne prennent souvent en compte que la toxicité étudiée sur le principe actif et sur un stade de vie de l’abeille : adulte ou larve qui ne présentent pas les mêmes sensibilités. Sur ce plan de l’évaluation des biocides pour en autoriser l’utilisation en agriculture, domaine qui nous concerne ici mais c’est une donné universelle, des progrès sont fait dans la réglementation sans être suffisamment protectrice dans l’état actuel des choses.

 

Symptomatologie observée lors d’une intoxication.

Lors d’une intoxication aiguë par pulvérisation d’un toxique à proximité du rucher par exemple les signes sont relativement faciles à observer, par exemple la présence d’abeilles mortes en masse sur les planches d’envol et devant les ruches. Dans ce cas, souvent toutes les ruches d’un même rucher sont atteintes de façon plus ou moins forte. Si la source de l’intoxication est alimentaire et distante de plus d’un kilomètre seules certaines ruches peuvent apparaître atteintes.

Lors de contaminations moins fortes, les abeilles peuvent apparaître tremblantes, tombant de la planche d’envol, incapables de voler, voire n’apparaître que par la présence d’abeilles mortes uniquement à l’intérieur de la ruche.La présence de comportement anormaux comme des tremblements, une marche désordonnée, ou des déplacements en rond sont également évocateurs.

Mais une mortalité importante d’abeilles ou un affaiblissement de colonies ne se voient pas uniquement lors d’intoxication : au cours des trois premiers mois de l’année les causes sont plus souvent d’origine alimentaire par famine ou conséquence d’une varroose mal contrôlée. De même à partir du mois de septembre, le varroa est souvent la cause de la mortalité observée dans les ruchers.

De plus, certaines affections virales en particulier le virus de la paralysie chronique (CBPV : Chronic Bee Paralysis Virus) responsable de la maladie noire ou paralysie chronique des abeilles peuvent se traduire par une mortalité importante des adultes devant les ruches.

 

Conduite à tenir

Le diagnostic d’intoxication suspecté par l’apiculteur impose pour être affirmé d’avoir recours à certaines investigations complémentaires, mais celles-ci, en particulier la recherche au laboratoire du toxique incriminé doit se faire sans perdre de temps du fait de la disparition rapide de certaines molécules dans le corps des abeilles mortes, dans le couvain ou dans les plantes, et de la nécessité de conserver les échantillons dans des conditions correctes pour les analyses (y compris légalement si des suites juridiques s’avéraient opportunes).

Il faut donc de prendre rapidement contact avec l’OMAA (Observatoire des Mortalités et des Affaiblissements de l'Abeille mellifère) où des vétérinaires habilités prendront les mesures indispensables pour arriver à un diagnostic aussi précis que possible. Suivant les cas un déplacement sur site sera effectué de même que des prélèvements pour analyses complémentaires. Les conclusions et les conseils à l’apiculteur seront parfois associés à des mesures administratives si des comportements illégaux sont à l’origine de l’intoxication.

Pour la région Pays de la Loire le numéro de téléphone unique est le 02 41 69 80 69 .

 

Prévention

Quelques mesures simples peuvent diminuer le risque d’intoxication des abeilles :

- la mise en place d’abreuvoirs à abeilles dans les lieux où le risque de fréquentation de zones polluées existe, au moins pour en diminuer leur fréquentation, comme les zones d’écoulement de lisiers contaminés par l’utilisation d’insecticides et d’acaricides dans les pratiques agricoles, encore que les abeilles recherchent aussi ces eaux contaminées par les déjections pour y trouver des sels minéraux.

- le choix de l’emplacement du rucher, en évitant les zones polluées par des rejets industriels, pétrochimie, industrie des plastiques, ...

- surtout par des contacts personnels avec les exploitants des champs à proximité des emplacements de rucher pour les inciter à respecter strictement les règles lors des épandages voire vous informer la veille de ces épandages pour être en mesure de fermer les ruches avant ceux-ci et pendant les 24 heures qui suivent pour éviter une exposition directe pouvant être favorisée par le vent qui déplace la zone de diffusion des produits.

 

 

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